Depuis plusieurs années je m’intéresse et je mets en place dans ma classe la pédagogie institutionnelle issue de Fernand Oury. J’ai donc décidé de vous en parler dans une série d’articles sur mon blog en commençant par une présentation générale. Ensuite j’entrerai dans les détails en abordant les différents outils à mettre en place au sein de la classe. Pour cela, j’ai construit un questionnaire puis j’ai invité des collègues enseignants à y répondre. Cela permettra d’étayer et d’illustrer mes futurs articles.

Ces prochains articles se baseront donc sur les réponses obtenues auprès de 14 charmants collègues qui ont bien voulu me donner un peu de leur temps. Je les remercie et les citerai lors du prochain article qui répondra à deux questions: Pourquoi mettre en place la PI dans sa classe et quels en sont les bénéfices ?

Alors, qu’est ce que la pédagogie institutionnelle de Fernand Oury ?

La pédagogie institutionnelle a été élaborée par Fernand Oury et Raymond Fauvieille.

Son but est d’établir, de créer, et de faire respecter des règles de vie dans l’école, par des institutions appropriées.

Si l’enfant perçoit le lieu classe comme un endroit de repères, de sécurité, de vie, où l’on peut régler des questions, il va progressivement prendre en charge sa vie d’écolier. Il va garder ou retrouver le goût d’apprendre, à travers son engagement, ses initiatives…

Les institutions visent à faire vivre le groupe, permettre la circulation de la parole et à faire le point sur la vie du groupe ; elles sont ce que l’on pourrait appeler « règles de vie communes », qu’il faut expliciter pour comprendre ce qui est en œuvre dans la classe. Par exemples, les ceintures de comportement matérialisent la position provisoire de chacun par rapport aux exigences de la vie au sein du groupe. Quant au conseil, clé de voûte de l’approche institutionnelle, il est le lieu de parole et de décision. Ces institutions comprennent également les métiers, qui sont un partage des tâches utiles à la vie de la classe et la boîte à tout, boîte dans laquelle les élèves peuvent déposer une critique, une plainte ou une proposition pour la classe. Sans oublier les ceintures de compétences et la monnaie intérieure.

Qui en est à l’origine ?

Fernand Oury et Raymond Fonvieille étaient deux instituteurs de la région parisienne qui participaient également activement au mouvement Freinet, en le transposant en milieu urbain (le mouvement étant initialement rural).

Quels en sont les principaux outils ?

L’institution clé consiste essentiellement en des « lieux de paroles » mis en place dans les classes. L’entraide et la fraternité existent et l’enseignant donne toute sa place à la parole de l’enfant.

  • Le quoi de neuf ?

Le quoi de neuf est un temps de parole quotidien au cours duquel, le matin en arrivant, l’élève peut dire à la classe ce qu’il a envie de lui faire partager. Le but est double :

Tout d’abord, permettre à l’enfant de déposer ce qui lui tient à cœur, afin d’être ensuite plus disponible pour entrer dans les activités scolaires. C’est une transition entre l’école et la maison.

Mais aussi, encourager l’expression orale, en mettant en place des situations de communication vraies au cours desquelles l’élève s’adresse à la classe parce qu’il a réellement quelque chose à lui dire.

  • Le conseil de classe coopératif

Le conseil de classe coopératif est la réunion des élèves où se discute tout ce qui a trait à la vie de la classe. Généralement hebdomadaire, il traite du règlement des conflits, des projets, des décisions à prendre.

Un enfant à qui on laisse faire tout ce qu’il veut ne peut pas avoir envie de grandir : un enfant peut se constituer contre une loi, mais pas contre du brouillard. Il faut qu’il y ait des lois en classe qui ne soient pas transgressées ; si elles le sont, on en parle au conseil.

  • Les ceintures de compétences

Pour élaborer les ceintures de compétences, Oury s’est inspiré de son expérience de judoka, partant du postulat de départ qu’une classe homogène n’existe pas. Les ceintures de niveau permettent aux enfants d’évaluer leur réussite dans tel ou tel domaine d’activité de la classe. Une ceinture élevée se doit d’aider un débutant ; autrement dit, plus un enfant a une ceinture élevée, plus on peut être exigeant avec lui. Grâce au tableau des ceintures affichées en permanence dans la classe, les enfants savent toujours où ils en sont.

  • La monnaie intérieure

La monnaie intérieure vise à offrir aux élèves une source de motivation intrinsèque suffisante pour s’investir dans un réel travail d’apprentissage.

Comme le présente très bien le site de l’icem34, la monnaie intérieure permet à des enfants de mettre un premier sens au travail scolaire, permet aux enseignants de faciliter la mise en place des valeurs coopératives, permet à une classe d’aider les enfants les plus en difficulté et enfin, prépare les enfants à l’utilisation de l’argent en tant qu’adultes.

Quelques conseils de lecture :

« Vers une pédagogie institutionnelle » par Oury Fernand et Vasquez Aïda

« De la classe coopérative à la pédagogie institutionnelle » par Oury Fernand et Vasquez Aïda

« Qui c’est l’conseil ? » par Oury Fernand et Pochet Catherine

« Pédagogie institutionnelle, Mise en place et pratique des institutions dans la classe » par Oury Fernand et Thébaudin Françoise

« La pédagogie institutionnelle en maternelle », Isabelle Robin

« L’école, le désir et la loi – Fernand Oury et la pédagogie institutionnelle » – Histoire, concepts, pratiques, éditions champ social, Raymond Bénévent, Claude Mouchet.

Jacomino, Baptiste, Freinet et la coopération, Paris, Les Cahiers pédagogiques, 2013. N° 505 http://www.cahiers-pedagogiques.com/Freinet-et-la-cooperation