Mon évolution
Entrons tout de suite dans le vif du sujet. Pour cela il faut d’abord que je vous parle de mon évolution, de mon cheminement.
Pour différencier dans ma classe, à mes débuts, j’ai utilisé ce qui s’appelle une « feuille de route ». C’était un document simple qui était le même pour tous les élèves. Il y avait deux colonnes, une qui contenait le travail obligatoire et une autre qui contenait du travail supplémentaire pour les élèves qui allaient plus vite dans la résolution de leurs exercices. Cette fiche ne concernait que le français et les maths. Je choisissais moi-même les tâches. L’élève pouvait seulement choisir l’ordre dans lequel il allait les faire. Cet ordre aléatoire était le levier de motivation de l’élève. Sans cela, cette feuille de route n’avait aucun intérêt.
Donc mes objectifs, à l’époque, étaient que mes élèves soient motivés, choisissent eux-mêmes l’ordre des tâches afin de les rendre autonome mais aussi que tous ceux qui pouvaient aller plus loin puissent le faire. Qu’ils en fassent mais en fonction de leurs possibilités, de leurs capacités.
Ces « feuilles de route » sont une belle entrée dans la différentiation avec pour objectif principal de rendre autonome ses élèves. Mais sinon c’est très chronophage et les élèves motivés au début de la mise en place, s’ennuient vite et n’ont plus le même entrain..
Il me fallait donc changer mon organisation et évoluer. Coup de chance, un nouveau projet collectif allait tout changer.
Le plan de travail
Ce projet, c’est celui du collectif C2CEdu à l’initiative de François Lamoureux. Je le remercie donc de m’avoir entraîné dans cette aventure. Sans cela, je serais peut-être encore entrain d’utiliser mes feuilles de route.. qui sait.
Ce projet m’a entraîné dans de nombreuses lectures sur la pédagogie institutionnelle et les pédagogies coopératives (suivre le lien Amazon de mon blog pour y accéder).
J’ai donc commencé à utiliser et à travailler en véritable « plan de travail » à partir du moment où j’ai mis en place dans ma classe les « ceintures de compétences ». Je ne vous refaits pas un texte sur les ceintures, vous en trouverez de nombreux sur le blog. Retenez seulement que les objectifs de ce dispositif sont de motiver, individualiser mais surtout responsabiliser l’élève.
Revenons sur le « plan de travail ». Pour préparer un PDT, il faut tout d’abord plancher sur une matrice commune à tous mais surtout à des tableaux de suivi des compétences, ce que nous avons fait avec les référentiels de ceintures. Il faut aussi pouvoir proposer tout au long de l’année différents projets dans des domaines divers et variés.
Une fois cela construit, l’élève, en étant accompagné bien évidemment, peut s’emparer de cet outil et construire son « programme ». Grâce aux ceintures, les activités sont adaptées à chaque élève. Les projets peuvent être proposés par l’enseignant mais aussi être à l’initiative de l’élève.
L’élève remplit donc lui même son « plan de travail » en choisissant les activités dans les référentiels en commençant par les compétences qu’il pense savoir maîtriser. Il y ajoute ses projets qui peuvent être une production écrite, un chef-d’œuvre, une poésie, un exposé, etc..
L’enseignant guide et accompagne les élèves dans le choix des activités et les encourage à prendre des initiatives. Il devient alors complètement acteur de ses apprentissages.
Tous les « plan de travail » sont donc uniques. L’élève est autonome.
Pourquoi je râle sur les réseaux quand je vois des « plans de travail » qui n’en sont pas sur les réseaux.
Comme je le disais plus haut, depuis plusieurs années, je m’intéresse à la pédagogie. Pas au début de ma carrière car le temps manque un peu quand on commence une nouvelle vie. J’ai donc beaucoup lu sur les pédagogies coopératives (Freinet, Connac) et la pédagogie institutionnelle (Oury, un copain de Freinet).
Au fil des ans, le besoin de différencier est devenu indispensable.. et quand on débute dans le métier ce n’est pas le plus simple malheureusement car ce n’est pas vraiment ce que l’on nous sert en formation où le monde des bisounours est la référence..
Donc, si je tape le mot « différencier » ou « différentiation » sur Google, je tombe sur de formidables blogs de collègues profs (que j’adore pour leurs ressources) qui nous proposent leur dernier PLAN DE TRAVAIL !!!! Et quand j’ai commencé dans le métier, je les ai bénis.
Mais ces « PDT » sont souvent de vrais fourre-tout, on y met ce qu’on veut, on lui fait dire ce que l’on veut. Au gré des lectures sur les blogs, aucun PDT n’a le même but, n’a le même objectif.. et pourtant, tout le monde appelle cela un « plan de travail ».
Vous me direz qu’on peut bien donner le nom que l’on souhaite à ce que l’on fait et il est vrai que PDT sonne bien.. Mais bon, si on s’intéresse un peu à la pédagogie, on se doit d’être précis (je vais me faire taper sur les doigts car je suis loin d’être irréprochable).
Le « plan de travail » est un dispositif pédagogique.
C’est devenu une mode. Pas une classe que je visite, une stagiaire que j’observe n’utilise pas le fameux « plan de travail ». Pour le coup, je les encourage à poursuivre car j’encourage la différenciation, mais je leur glisse gentiment que cela ne s’appelle pas un PDT..
Mais plutôt une « feuille de route » car oui, je vais en froisser certains ou certaines mais ce que je découvre souvent, c’est plusieurs listes de tâches que l’élève peut réaliser dans l’ordre qu’il souhaite avec pour objectifs souvent de revoir et s’entraîner sur les notions vues la semaine dernière. Souvent, il est en trois versions avec des niveaux de difficulté différents.
Ce que je vous présentais dans la première partie de l’article, ce que je faisais à mes débuts, et ce que j’appelais aussi « plan de travail » car je ne m’étais pas encore intéressé aux différentes pédagogies..
C’est donc pour moi toute la différence, quand l’élève n’est pas impliqué ce ne peut être un PDT.
Bon, je critique, je critique, mais on a tous fait ça, moi le premier hein, car comme vous j’étais persuadé qu’un « plan de travail » c’était ça. J’ai fait confiance aux ressources sur lesquelles je suis tombé au gré de mes recherches sur le net et je ne veux pas leur jeter la pierre car quand j’ai débuté, cela m’a vraiment bien soulagé pour préparer ma classe et je l’espère accompagner au mieux mes élèves.

Je trouve que le tableau de Sylvain Connac est très représentatif des différentes appellations du sacro-saint « plan de travail ». Je le remercie d’ailleurs à travers cet article car ses livres et ses écrits m’ont beaucoup inspiré pour organiser ma classe et même écrire ces mots.
J’espère que ce petit billet vous permettra de découvrir ou redécouvrir ce qu’est un plan de travail. Je vous remercie de faire grandir ce tout petit blog années après années.
Et pour finir je vous laisse retrouver le PDT que mes élèves utilisent cette année dans cet article : mes outils pour la rentrée et je vous le détaillerais si vous le souhaitez dans un futur billet.
Et vous, que faites-vous dans vos classes pour mettre en place la différenciation et responsabiliser vos élèves ?
tl:dr
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Merci pour cet article Edouard
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Merci pour cet article et oui je fais parti moi aussi de ceux qui parlent de PDT pour leur organisation (en maternelle) mais qui n’en sont pas. Alors chouette de trouver un article pour évoluer et réfléchir à sa pratique ! Je vais continuer de poursuivre mes recherches et réflexions mais cet article est un bon premier pas Merci !
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Merci pour ce retour.
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Merci pour cet article. J’ai travaillé post confinement en « PDT » afin de reprendre là en était chaque élève. Il se trouve que j’individualisais chaque feuille aux difficultés de chacun mais que les élèves ne choisissais pas vraiment leur activité. Don pas des plans de travail… Ton article me permet donc de réfléchir à tout ça.
Je pense donc que pour la rentrée on va s’orienter vers des contrats de travail (d’après le tableau de Sylvain Connac). On verra ce que ça donne et peut être progressivement j’arriverai aux plans de travail… qui sait… 😉
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Bonjour,
Merci beaucoup pour cet éclaircissement. Je m’appelle Stéphanie et je travaille auprès d’élèves en très grandes difficultés scolaire (SEGPA/collège). Je souhaiterais travailler en PDT pour mes élèves de 3ième car il y a essentiellement des révisions cycle3; ils doivent en parallèle préparer le DNB pro.Tout mener de front est impossible donc cette idée de mettre en place des PDT doit, pour moi, se concrétiser.J’utilise l’auto-évaluation des compétences lors des contrôles : très parlant pour eux.
Ainsi, j’ai quelques petites questions d’ordre pragmatique : Quelles compétences utilises-tu : socle, programme, fin de cycle? Les reformules-tu pour les rendre compréhensibles par les élèves?N’y-a-t-il pas un doublon dans l’évaluation car il y a également le livret à compléter? Modules-tu les échéances? Utilises-tu la classe inversée pour certaines notions?
D’avance merci.
Stéphanie
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J’utilise les compétences du programme que nous avons mis en ceintures avec les collègues. Oui elles sont reformulées. C’est la seul évaluation, je n’en fais pas en plus et le livret est composé de ces compétences donc aucun doublon.
Il n’y a pas d’échéance et enfin je n’utilise plus la classe inversée. Je l’ai abonnée il y a de cela 5 ans car cela ne correspondait plus à mon fonctionnement.
J’espère avoir répondu à toutes tes questions, sinon n’hésite pas à m’envoyer un mail.
Bonne journée
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Au secours ! Je suis en classe de CE2 et je comptais me lancer dans les plans de travail. Ca fait 1 an que je tourne autour, que je me renseigne… Je pensais avoir saisi le principe et hop, je tombe sur ton site ! Je suis complètement perdue du coup ! Tout se mélange dans ma tête ! J’ai des neurones qui ont dû griller au soleil pendant les vacances (malgré la météo!) mais je ne comprends pas comment les activités peuvent être à l’initiative des élèves et ce que signifie « projets personnels ».
J’espère que tu auras le temps et la patience de me répondre. D’avance merci et merci pour le travail et les connaissances que tu partages.
Marie
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Hello, fais moi un petit mail via le formulaire de contact, cela sera plus facile. Merci
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Bonjour, je trouve ton article intéressant. Aurais-tu un exemple de plan de travail propre à un élève par exemple.
Quel niveau as-tu ?
Merci pour ta réponse.
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Salut. Il doit y en avoir sur le blog. J’ai des CM2 !
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Bonjour, je viens de lire votre article et je suis en accord sur pas mal de points avec vous. J’ai quelques différences tout de même sur la notion de plan de travail. Mon objectif est par contre le même que le vôtre : la responsabilisation des élèves dans leur travail. Puisque vous lisez de la pédagogie, je ne peux que vous inviter à découvrir mon travail et la pédagogie que j’ai créée depuis quelques années à travers le livre « Rendre chaque élève de Cm1 – Cm2 responsable de ses apprentissages » que j’ai publié cette année. Comme vous, j’associe les plans de travail à une pédagogie (Que j’appelle la Pédagogie CPR : Choix Pragmatique Responsable) et non à un simple dispositif de classe. Vous pouvez aussi consulter mon site (encore un peu embryonnaire, mais il faut du temps…) ici : https://www.lapedagogiecpr.fr/le-livre/. Merci à vous de cet article instructif.
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